Je suis une personne extrêmement patiente.
Je suis aussi quelqu'un de calme qui ne montre pas ses émotions, je suis bien élevée, je dis bonjour au revoir et merci.
Mes parents en sont fiers.
Je n'aime pas faire pression sur les gens parce que j'ai horreur qu'on fasse pression sur moi.
Je n'aime pas dépendre d'autrui.
Je fais confiance au gens et je leur accorde toujours le bénéfice du doute à mes dépens comme vous allez le lire.
Bref, aujourd'hui j'ai découvert mes limites (je croyais que c'était fait quand j'ai fait mon baptême... mais non).
Et j'ai détesté.
Depuis 8 mois mon passeport se trouvait à la Direction Générale des Migrations flottant vaguement d'une personne à l'autre. Quand j'y allais pour demander où en était le "processus" pour que j'obtienne un "visa ONG" on me disait qu'il manquait tel ou tel papier. Ces dernière semaines, sachant que je prenais l'avion ce dimanche je me suis faite plus pressante... patientez madame... Toujours avec le sourire mais avec une sorte de dédain dans les yeux, j'ai essayé de comprendre ce qui bloquait, si ils voulaient que je paie une sorte de "supplément". Je n'y ai rien compris. Revenez demain, ce sera fait, je vous en donne ma parole! Revenez à 17h, demain, à 10h, à 14 h, le comptable n'est pas là (et que fait mon passeport chez le comptable???????) etc. Jeudi après midi je suis donc arrivée à la DGM vers 13h30 et je me suis assise pour attendre mon passeport pendant 6h (Je crois que les dames de ce bureau m'ont surnommé "no bouger"). En vain. Je suis rentrée chez moi et le lendemain vers 11h j'étais à la DGM. Bien sûr rien n'était fait, meme si on m'assurait que ça l'était, alors j'ai décidé d'attendre et je me suis mise en dehors du bureau. J'ai attendu plusieurs heures. Normalement à la DGM il faut laisser son téléphone à l'entrée mais sachant que je partais en guerre, j'avais gardé le mien. J'essayais donc de téléphoner à différentes personnes qui auraient pu m'aider lorsqu'un policier me dit "madame, les appareils sont interdits ici, veuillez le déposer à la guérite". Pas de bol pour lui j'étais déjà à bout de nerfs je l'ai donc envoyé bouler. D'autres policiers sont venus pour essayer de me faire partir de là où j'étais, apparemment il était interdit de s'y mettre mais je les ai aussi envoyé bouler "SI VOUS VOULEZ QUE JE PARTE DONNEZ MOI MON PASSEPORT ET JE M'EN VAIS! C'EST CE QUE JE DEMANDE DEPUIS HIER VOUS CROYEZ QUE ÇA M'AMUSE DE RESTER ICI? VOUS CROYEZ QUE C'EST TOUT CE QUE J'AI À FAIRE DANS MA VIE? SI VOUS NE POUVEZ PAS RÉSOUDRE MON PROBLEME FOUTEZ MOI LA PAIX, JE NE BOUGE PAS D'ICI, QU'EST CE QUE VOUS ALLEZ FAIRE? HEIN? ME CHASSER HORS DU PAYS? C'EST TOUT CE QUE JE DEMANDE DE TOUTES FAÇONS!"
Ils sont partis un autre petit monsieur est venu me dire "madame, je suis pasteur, on va vous aider, allez vous asseoir là bas, on va vous aider, dans 10 minutes ce sera reglé". Si il savait la haine que j'ai pour les gens de son espèce ici. "Ecoutez, je reste ici parce qu'apparemment c'est le seul moyen de vous faire réagir" "non madame, il ne faut pas être comme ça...!" (il avait un ton tellement condescendant que je me suis fait violence pour ne pas profiter de sa petite taille)
Ils m'ont laissée quelque temps (j'avais perdu la notion du temps). Puis d'autres employés sont venus pour me dire que je devais dégager parce que le DG allait passer par là et qu'il ne voulait pas voir des gens traîner dans les parages. Enfin! J'avais trouvé un moyen de faire pression sur eux. "Non je ne bouge pas" "Madame, notre DG doit passer ici, vous nous mettez dans une mauvaise situation" (il y en a qui ont l'art de me dire ce qu'il ne faut pas) "Tant mieux si il passe par là, comme ça je pourrais lui expliquer tout ce qu'il se passe ici" Consternation sur les visages! Une quinzaine de personnes se trouvaient autour de moi. En fait ces gens auraient sans doute pu m'aider si je m'était adressée à eux au départ mais c'était un de leur supérieurs qui devait se charger du dossier et à mon avis ils en avaient la trouille parce que lorsqu'ils me demandaient à qui j'avais confié mon passeport et que je leur disait, ils se résignaient et me laissaient.
J'étais au bord des larmes et le DG devait bientôt sortir et c'est la qu'enfin j'ai vu un peu d'humanité. 2 personnes ont enfin accepté de m'écouter et ont cherché mon passeport. Qui était loin d'être prêt. Mais grâce à ces deux personnes, les choses ont enfin bougé. J'avoue que je n'y croyais pas au début et je ne faisais plus confiance à personne mais au moins j'ai pu voir où était mon passeport, j'ai encore attendu et j'étais au bord de la crise de nerf. Finalement on m'a amené dans un bureau, mon passeport avait les visas mais... pas de signature "madame, attendez jusqu'à 17h" un discussion s'en est suivi et j'ai éclaté en sanglots.... rétrospectivement c'est très amusant de voir l'effet que ça a eu sur les gens, de la honte, de la gène, de la surprise, probablement un peu de mépris aussi puisque tout le monde sait bien que les femmes mindele sont émotives, faibles et pleurent pour rien. Mais au moins ils sont montés directement chez le DG pour le faire signer. A ce moment là tout le monde était au courant de l'histoire et des gens sortaient dans le couloir pour comprendre ce qu'il se passait. Il était 16h30, je n'avais plus de patience, plus de fierté et plus de larmes mais j'avais un passeport avec un visa et une signature. et je ne retournerais plus jamais à la DGM.
J'en veux à tout ceux qui ont prétendu m'aider et n'ont rien fait ou n'ont fait que mentir et à ceux qui m'avaient promis que je serait aidée dans ces démarches. Parce que si les deux personnes qui m'ont aidées n'avaient pas été là, je ne pense pas que j'aurais eu mon passeport un jour. et je ne sais pas comment les remercier parce que je me suis pratiquement enfuie en courant quand j'ai eu mon passeport en main!
La morale de l'histoire c'est qu'une mundele qui pleure ça fait avancer les choses
la morale de cette morale c'est qu'il ne faut pas mettre une mundele dans une telle situation
Et la morale de ces morales, c'est qu'il n'y a pas que des cons sur terre, il y a aussi des personnes humaines prêtes à aider une mundele en détresse
Je me rends compte que le lien entre le titre et le message n'est pas si évident mais ce serait trop compliqué à expliquer.