Kinshasa

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mercredi 15 octobre 2008

MONEYPULATION





Il était une fois un fleuve. Autour s'étendaient sur des milliers de kilomètres, des royaumes, de l'océan Atlantique au lac Tanganyika. A l'époque la terre était abondante et accessible à tous. Tout le monde vivait dans la paix. Un jour des colons arrivèrent la bible en main et quand ils se rendirent compte que les sous sols regorgeaient de minéraux : des diamants, de l'or, du cuivre, du coltan et de l'uranium (Et oui ! savez vous que le coltan dans votre GSM vient très probablement du Congo ? et que les bombes nucléaires de Hiroshima et Nagasaki ont été fabriquées avec de l'uranium venu du Congo ?) que les forets étaient riches en bois précieux et en caoutchouc et que le fleuve était capable de fournir de l'électricité ; ils dirent aux indigènes de se mettre à genoux et de fermer les yeux. Lorsque ces derniers ouvrirent les yeux, ils avaient la bible et les colons avaient leur pays. Les colons utilisèrent les indigènes pour tirer tout ce qu'ils pouvaient comme richesse et envoyer ces ressources à leur bon roi Léopold II. Les indigènes étaient des nègres alors ils pouvaient être « chicottés » à volonté et si ils ne récoltaient pas assez de caoutchouc, on coupait la main et voilà, ça leur servira de leçon (à ce titre je vous conseille de lire « Les fantômes du roi Léopold ») ! Les blancs créèrent des villes aux noms tordus : Léopoldville, Elizabethville ou pire Costermansville . Dans ses villes ils s'assurèrent qu'ils habiteraient les parties les plus agréables et construisirent des maisons exactement comme chez eux… Mais il faut rendre à César ce qui appartient à César. Ils ont aussi crée des infrastructures (des routes, des hôpitaux, des écoles etc.) et même des centres de recherches qui ont eu à l'époque un rayonnement mondial. Selon un documentaire que j'ai vu (« L'origine du Sida »). C'est dans un de ces centres de recherches où on faisait des essais sur les singes qu'aurait pris origine le virus du Sida- quand à savoir si c'est vrai... Ils ont aussi permis à certains indigènes d'étudier et de devenir « civilisés » (mais pas trop hein ! chacun sa place !) et ils ont électrifié une partie du pays. Enfin, leur spécialité, ils ont mis en place une administration d'une bureaucratie dont ils avaient seuls le secret.

Mais les temps changèrent car rien n'est éternel dans ce bas monde et un certain Patrice Lumumba réussi à arracher l'indépendance du Congo des mains du roi Baudoin. Patrice Lumumba avait peut être trop d'idéaux et surtout, ses opinions étaient trop communistes au goût des puissances occidentales et plus particulièrement des USA. Il fut donc lâchement assassiné (Voyez le film « Lumumba ») et c'est ainsi que fut mis en place Mobutu, marionnette aux mains de ces puissances. Mobutu a commis pratiquement tous les crimes imaginables : assassinats, détournement de fonds, trafic, dictature, emprisonnement arbitraire, muselage de la presse, torture et culte de la personnalité (à ce titre je vous conseille l'excellent documentaire « Mobutu roi du Zaïre »). Durant cette période, très peu d'infrastructures ont été crées. La population des villes a augmenté sans pour autant que les infrastructures suivent. Pendant ce temps, Mobutu recevait de l'argent à blanchir des nébuleuses occidentales, des entreprises exploitaient les minerais et Mobutu se construisait des châteaux en Europe et massacrait les étudiants qui manifestaient pour leurs droits. En grand démagogue il lui arrivait de passer dans la rue et de distribuer des billets et certains se souviennent avec nostalgie de cette époque « où l'argent circulait ». Au Rwanda voisin, en 1994, a lieu le génocide et des centaines de milliers de Rwandais fuient vers le Zaïre, certain traverseront le pays jusqu'à Kinshasa (quelques livres que je vous conseille « La danse du Léopard », « Shake hands with the devil » et « We wish to inform you that tomorrow we will die with our families »). Les victimes comme les bourreaux, les tristement célèbres Interahamwe se réfugient ainsi dans les forets de l'est du pays. Mais encore une fois les choses changent et l'occident cynique laisse tomber Mobutu malade, attaqué par l'AFDL de Laurent Désiré Kabila (le père du fils), une alliance entre l'Ouganda, le Rwanda et Kabila qui prend alors le pouvoir. Mobutu meurt seul au Maroc. Tout comme Lumumba, Kabila père a des idéaux mais il est plus radical et du jour au lendemain, le désordre redevient l'ordre, il dirige le pays d'une main de fer. Mais aux yeux des occidentaux, son plus grand crime est d'avoir « fermé le robinet » (ses propres mots). Il a viré le FMI et consort et s'est tourné vers les chinois (qui a peur du grand méchant chinois ? C'est pas nous !). Kabila père savait que le Congo (le pays avait changé de nom entre temps) n'avait pas besoin d'aide au développement. Le Congo a plus de ressources que n'importe quel pays mais c'est là son malheur. Bien sur les nébuleuses occidentales n'ont pas apprécié et Kabila père a rapidement été assassiné. Il faut dire qu'il avait également réussi à se mettre à dos le Rwanda et l'Ouganda qui avaient espéré un morceau du gâteau (Encore un bon documentaire à ce sujet « L'Afrique en morceaux »). Vous vous souvenez de la manière dont les médias en Europe (hors Congo) décrivaient Kabila père ? Un despote fou, assoiffé de sang qui avait osé interdire le port de la minijupe !… Ici il est perçu comme un sauveur de l'humanité… Méfiez vous des médias… Son erreur ? Refuser les pressions du FMI et de la Banque Mondiale, refuser de s'endetter davantage auprès des puissances occidentales, refuser de laisser exploiter les richesses nationales …

C'est ainsi que le Congo s'est retrouvé au fond du gouffre, déchiré par des conflits les plus atroces, qui ont fait régner l'anarchie la plus totale. Tout particulièrement à l'Est du pays où les incursions du Rwanda se multiplient sous prétexte de rattraper les Interahamwe qui eux s'enfonçaient de plus en plus dans la jungle et continuent à faire ce qu'ils ont toujours fait, piller, violer, tuer. Les groupes armés se sont ainsi multipliés, des Mai-Mai aux Interahamwe en passant par les « Rastas » (rien à voir avec les Rastafaris). Le plus tristement célèbre est le CNDP de Laurent Nkunda qui prétend vouloir protéger le peuple Banyamulenge (un peuple originaire du Rwanda mais vivant au Congo depuis des siècles). Et à qui profite le crime ? Pendant que tout le monde se bat, le malheur des uns fait le bonheur des autres. Les entreprises minières internationales continuent à discrètement exploiter les sous sols et profitent de ce chaos. Je suis de plus en plus convaincue que ce sont ces grandes multinationales qui entretiennent la situation de conflit dans l'est du Congo (et oui, chaque fois que vous achèterez un téléphone portable, pensez à ces femmes qui se font violer au Kivu). Certaines ont même utilisé des hélicoptères peints aux couleurs de la MONUC (La mission des Nations Unies) pour ravitailler ces groupes armés. Chose dont témoignent de nombreux congolais qui ont réussi à s'échapper des mains des groupes armés. Et la MONUC dans cette affaire ? C'est la plus grosse mission de maintien de la paix au monde, 17000 hommes sur équipés et surentraînés… et vous allez me dire qu'ils sont incapables d'arrêter des groupes de rebelles ? Savez vous ce que ce disent certains employés de la MONUC à voix basse ? « No Nkunda, No Jobs ». La Monuc se cache derrière ses mandats et n'a pour finalité que d'exister.

Et à l'Ouest du pays, les politiciens véreux vivent dans des villas climatisées avec piscine et roulent dans d'immenses 4x4 aux vitres fumées. Il viennent parler leur « gros français » à la télé, prônent l'amour de la patrie mais envoient leurs famille à l'étranger dès qu'ils en ont les moyens. Ils s'offusquent quand Karel DeGucht s'énerve que les millions d'euros que verse la Belgique n'aient pas d'impact sur la population. J'espère que vous vous rendez compte que c'est vous contribuables belges qui financez ces 4x4 et ces villas car ce sont entre autres vos impôts qui contribuent à l'aide publique au développement de la DGCD (le gouvernement belge koa). Même si le chef de la diplomatie belge a manqué (une fois de plus) de diplomatie, il a raison.

De toutes manières, Kabila fils s'est comme son père tourné vers la Chine et maintenant le sujet hot c'est « Les 5 Chantiers ». A mon avis le plus ardu de ces chantiers sera le changement de mentalité. Une population qui a vécu de la débrouille dans l'anarchie depuis plus d'une génération doit à présent acquérir de nouvelles valeurs et modes de fonctionnement.

Contrairement à ce qu'on a souvent essayé de faire croire, les conflits au Congo ne sont pas tribaux ou ethniques (c'est toujours facile de dire qu'en Afrique dès qu'ils ont des armes ils s'entretuent à cause du tribalisme). Ces conflits sont purement économiques ils suffit de creuser un peu pour comprendre qui tire les ficelles.


Mais même si chaque jour j'ai ma dose de frustration, j'ai de l'espoir pour ce pays.

Ci dessous une petite vidéo qui date un peu quand meme sur le coltan:



vendredi 20 juin 2008

PIMP MY RIDE




Normalement, aujourd'hui je comptais parler un peu de la petite ONG locale où je travaille (FOSPHA) mais réflexion faite, il faut d'abord que je vous parle de comment j'arrive de la maison jusqu'à FOSPHA. Comme on n'a pas de voiture (et oui, à la guerre comme à la guerre) je me tape au moins trois fois par semaine 3h de taxi. Et il ne s'agit évidemment pas de taxis verts ou bleus. Les taxis ici c'est la STUC (comme « stuck » en Anglais ? un nom tout à fait approprié) dont la devise est Confort et Sécurité… je ne peux m'empêcher de détecter une pointe d'ironie là dedans. En fait pour faire simple, les questions à se poser sont : est ce que ce truc peut m'amener de A à B ? Et ce que j'y arriverais plus vite qu'à pied ? (Encore que ce deuxième paramètre n'entre pas toujours dans l'équation). Du moment qu'il y a 4 roues et un moteur la réponse est OUI. C'est comme si toutes les voitures, minibus et camionnettes qui n'ont jamais eu la moindre chance de réussir un contrôle technique chez vous étaient ici transformés en taxi. Pour les minibus ça va encore puisqu'ils sont à la base conçus pour transporter des passagers mais pour les camionnettes qui n'ont pas de banquettes, on y cloue tout simplement des rangées de bancs en bois fabrication locale et voilà le transport en commun ! C'est comme ça qu'on voit ici de camionnettes BELGACOM, SUZE- PASTIS 51 ou d'autres sociétés genre nettoyage de tapis, travaux de bâtiments etc. .


Et bien sur, il y a toujours de la place même si vous n'avez qu'une demi fesse qui touche le siège on vous demandera de bouger. Vu l'état lamentable des véhicules, il n'est pas rare qu'ils tombent en panne en plein milieu de la route, et là tout le monde descend et attend un autre taxi. Kinshasa étant surpeuplée et n'ayant pas assez de routes, les embouteillages sont pires qu'à Bruxelles. Le matin tout le monde va de la périphérie vers le centre et les gens se battent littéralement pour rentrer dans les taxis (dès que le taxi arrive et avant qu'il ne s'arrête pour laisser descendre les gens, ceux qui veulent y monter s'agrippent au véhicule et l'escaladent pour rentrer par la « fenêtre » (« fenêtre » parce que la plupart du temps c'est un gros hublot découpé dans le métal de la camionnette). Heureusement pour moi, je fais l'inverse, j'habite plutôt dans le centre et je travaille à la périphérie et en plus je suis pote avec les types qui appellent les clients donc je n'ai pratiquement jamais de problèmes.


Le système des taxis est plus ou moins le même que dans les pays d'Afrique de l'Est que je connais. Mais il existe ici beaucoup plus de nuances. Par exemple le prix de la course varie en fonction du type de véhicule (c'est plus cher si c'est une simple voiture, ben oui c'est un peu plus confortable et ça va un peu plus vite) en fonction de l'heure (plus cher aux heures de pointes) et de la distance. Pour arrêter les taxis, les Kinois ont un langage de signe. La main tournée vers la droite qui va de bas en haut (un peu comme si on serrait la main de quelqu'un) signifie tout droit sur cette avenue. L'index pointé vers le bas comme pour montrer ses pieds signifie je vais tout près J (mais il fait trop chaud et j'ai mal au pieds). L'index pointé vers le bas mais qui dessine un cercle signifie direction Rond Point Victoire. Il y a encore d'autres signes que je ne maîtrise pas encore mais les gens sont toujours ravis de m'apprendre.




Donc une fois assise ; dans un minibus, il faut soit s'asseoir à coté du chauffeur (même si là on risque d'être délogé par un militaire qui doit s'asseoir là lorsqu'il est en tenue) ou alors au deuxième rang. Il faut à tout prix éviter le premier rang parce que souvent le moteur chauffe tellement qu'on risque de se brûler les jambes et le rang du fond parce qu'on y étouffe de chaleur ; de préférence coté fenêtre (même si l'air est tellement pollué qu'on respire que du gaz d'échappement, mais bon on a le choix entre deux parfums « Mélange d'eaux de transpi » ou « CO2 » ) je peux enfin regarder les Kinois dans leur vie quotidienne. Le plus intéressant ce sont les noms qu'ils donnent à leur taxis, certains ne sont pas très originaux « Champion » « Homme Fort » ou « L'homme honnête » d'autres font référence à la religion « Jeremie 19-1 et 2 » « Jean 23 » (le deuxième fait référence à un pape… pour les incultes) ou encore « La surprise de Dieu », « Mon Dieu est plus que vainqueur », « Toute arme forgée contre moi sera sans effet » (Celui là prenait la moitié du pare-brise) « Chico Saint Esprit » d'autres sont encore plus intéressants « Eddie Merphy » (et je sais comment on écrit Murphy) « Bill Clinton » ou mystérieux « Frappe encore » « Bic Rouge » (????) « Code Pin » ou font référence à la guerre « Tango Fort » (Nom de guerre d'un général).


Quand on sort d'un taxi, on n'a généralement qu'une seule envie c'est de se laver (le mélange gaz d'échappement d'essence de mauvaise qualité, chaleur, humidité, poussière et échange de transpiration avec inconnus n'est pas ce qu'il y a de plus agréable). J' « admire » toujours certains kinois qui se baladent en costume trois pièces et qui sortent des taxis sans un pli à leur costume alors que moi…


Voilà, alors arrêtez de râler contre la STIB qui a 20 minutes de retard. Vous avez des bus climatisés, numérotés, classés, contrôlés, et impersonnels….

dimanche 18 mai 2008

SAVE OUR SOULS


Lundi 16h-19h Intercession

Mardi 17h-19h Louanges à l'Eternel

Mercredi 16h-19h Culte de la délivrance

Jeudi 17h-19h Enseignement des Mamans

Vendredi 16h-20h Culte de la jeunesse

Samedi 16h-20h Enseignement des jeunes

Dimanche 10h-12h Culte spécial



Voici en gros le programme des églises évangélistes entre lesquelles notre maison se trouve (pour être plus proche de la réalité, je devrais dire des sectes vu le lavage total de cerveau que subissent les « frères et sœurs en christ » comme ils s'appellent eux même). Mais on pourrait le résumer ainsi :

Lundi 16h-19h Supplier en criant

Mardi 17h-19h Répéter la même formule un millier de fois en criant

Mercredi 16h-19h Crier « Le sant esprit » pendant 3h

Jeudi 17h-19h Crier très fort en engueulant les « Mamans »

Vendredi 16h-20h Crier un peu moins fort (surtout qu'on s'est tué les cordes vocales la veille)

Samedi 16h-20h Tout le monde gueule en même temps

Dimanche 10h-12h Alterner les cris et les chants

Pas étonnant qu'on les appelle aussi Eglises de réveil

Alors sachant que les pasteurs semblent croire que au plus ils crient, au plus ils seront prestigieux et que celui de gauche a investi dans un micro et des baffles et que celui de droite veut montrer qu'il n'est pas moindre… vous comprendrez notre calvaire sonore. Et pourtant la maison n'est pas mal. Il y a trois chambres deux salles de bains un salon/salle à manger et une cuisine avec une petite pièce pour stocker les réserves de nourriture (ici les gens achètent en grande quantité, oubliez le sachet de 1kg de riz basmati, ici on achète des sacs de 10kg de riz pakistanais, le moins cher et aussi le moins bon mais quand il y a 5 enfants à nourrir c'est compréhensible. C'est triste quand on pense que dans l'est du pays on produit un excellent riz mais que faute de route praticable il n'arrive pas ici, ou si il arrive c'est par avion et là il devient très cher). Donc la maison est pas mal, elle a l'avantage de ne pas trop se réchauffer, chose importante car il fait très chaud et humide en ce moment. Tellement chaud qu'on préfère rester à l'intérieur le plus possible. Ou alors il faudrait faire comme Laura et se promener à poil et jouer dans une bassine d'eau mais je crois que je ne connais pas encore assez bien les voisins pour faire ça J. La réponse des gens à la chaleur ici c'est de s'affaler dans une chaise et de somnoler et franchement je les comprends. C'est d'ailleurs ce que je fais ces derniers jours entre 11h et 15h quand le soleil tape sérieusement (ici on dit plutôt que le soleil pique) et que l'humidité est telle que le moindre mouvement provoque des coulées de sueur le long de mon dos et sur mon front (j'aurais du faire des réserves de déo à Bxl), que respirer requiert un effort supplémentaire pour lequel on sacrifie tout autre dépense d'énergie qui ne soit pas absolument vitale. Mon cerveau semble doucement fondre et toute réflexion de plus de deux enchaînements logiques devient impossible, mes paupières s'alourdissent et bien que je reste consciente de ce qu'il se passe autour de moi, pas moyen de réagir. Comme dit Moise, c'est sans doute pour cela que quand mes « oncles » ont colonisé ce pays et qu'ils voulaient faire travailler les congolais dans leurs mines ou leurs champs, ils les trouvaient mous et paresseux. Alors que eux étaient assis à l'ombre avec une boisson fraîche et un domestique pour les éventer. Bon j'exagère peut être un peu dans le cliché mais je comprend parfaitement pourquoi les gens semblent mous. Encore pire c'est de circuler en voiture non climatisée (et oui on a des goûts de luxe) dans cette chaleur mais c'est tellement horrible qu'on en parlera une autre fois


On est donc dans cette maison provisoirement (mais j'ignore la longueur de cette période provisoire, c'est un peu comme les gouvernements de transition en Afrique qui sont ensuite réélus pour des mandats de 7 ans), c'est juste que ça nous faisait mal de payer 65$ la nuit à l'hôtel. Trouver une maison ici est très difficile notamment du à la présence de la MONUC. C'est le plus gros contingent de casques bleus du monde et avec ces casques bleus, toute l'administration et les services qui y sont liés. Il faut donc loger tout ce beau monde qui veut des maison tout de suite et qui peut allonger l'argent (autant que demandé par les bailleurs) tout de suite. Ceci veut dire que le logement est très cher, qu'il y en a peu et que donc les proprios abusent et demandent parfois jusqu'à 1 an de garantie locative. Il faut comprendre que la notion de garantie est différente ici. C'est juste un gros tas de fric que le proprio empoche et qu'il vous rembourse quand vous partez. L'argent n'est pas bloqué sur un compte ou quoi que ce soit. Il s'est donc crée un cercle vicieux par exemple nous avons payé 6 mois de garantie pour cette maison (une grosse somme d'argent, surtout pour ici) et nous devons payer notre loyer tous les mois. Mais imaginez qu'on veuille déménager d'ici un an, la « bailleresse » comme on dit ici devra se débrouiller pour nous rendre cet argent. Si elle n'en est pas capable, ce qui est fort probable (ce n'est pas un jugement c'est ce qu'il se passe en réalité) on devra continuer à occuper la maison sans payer le loyer et ainsi « épuiser » la garantie. Ou alors elle aura trouvé d'autres locataires qui lui auront payé 6 mois de garantie et elle pourra ainsi nous rembourser. La plupart des gens trouvent leur maison par le biais de commissionnaires certains prennent cette tache au sérieux mais d'autres sont des « farceurs ». Le commissionnaire a pour rôle de mettre en contact les personnes qui cherchent un logement et les propriétaires. Normalement le (futur) locataire paie 1 mois de loyer au commissionnaire. Certains commissionnaires plus malins se débrouillent pour « toucher » des deux cotés. Et enfin certains « farceurs » vous font payer un « droit de visite » … sur une maison qui n'est même pas à eux… Et parfois il y a plusieurs commissionnaires et chacun va toucher en fonction de l'importance de son rôle. C'est tout un business.

mardi 22 avril 2008

NDJILI


Ce qui frappe d'abord, presque littéralement c'est la chaleur. On est en saison des pluies mais oubliez la logique pluie= froid, sécheresse= chaleur, on est à Kin, il n'y a pas de logique ! La saison des pluies va de Octobre à Mai ; on est donc vers la fin de cette saison. On a beau s'y attendre, lorsqu'on quitte l'airco de l'avion, c'est comme un mur de chaleur lourde, humide et on se met tout de suite à transpirer. Le trajet de l'avion à l'entrée de l'aéroport avec d'un coté la pauvre Laura qui vient de se réveiller et qui se demande ce qu'il se passe et de l'autre le bagage à main, est heureusement assez court. Je remarque en passant que le nom de l'aéroport censé apparaître en lumière est en fait illisible parce qu'il n'y a qu'une ampoule sur trois qui marche. Inutile de les remplacer, elles seraient probablement volées dès le lendemain ? A l'entrée de l'aéroport les passagers qui n'ont pas eu la chance d'avoir quelqu'un qui vient les chercher en bas de l'avion doivent maintenant faire contrôler leur passeport par la tant redoutée DGM (Direction Générale des Migrations, un jour je vous raconterais la créativité des gens ici pour les acronymes, MARSAVCO, UNIKIN etc). Il n'y a pas de file, on avance comme on peut. Laura a bien voulu marcher mais dans la cohue, je suis obligée de bien serrer sa petite main. Devant moi une mundele (=une ferenj/ muzungu/blanche) d'un certain âge, le type de la DGM regarde vaguement son passeport, le feuillette rapidement et le tend ensuite à sa collègue qui se tient à l'affût derrière lui (ils ont sans doute un système de tracasseries déjà bien organisé comme on dit ici, ils coopèrent) et la pauvre mundele est priée d'attendre sur le coté sans aucune autre explications. Elle est très probablement en règle au point de vue papier mais elle est blanche, seule et a l'air un peu perdue, une proie facile donc. La pauvre oui, mais je n'ai pas le temps de m'inquiéter pour elle car c'est notre tour de donner nos passeports. Moise tend le sien et là, coup de bol, en voyant son lieu de naissance, le visage du DGM s'éclaire car lui aussi est de l'Est du pays. Moise joue le jeu et le laisse croire qu'il est murega (une tribu de l'Est, laissez tomber, c'est compliqué). Et voilà qu'ils s'appellent « oncle/ cousin ! » qu'ils parlent fort en Swahili (langue de l'Est, je vous écrirais une autre fois pour vous expliquer tout ça) et rigolent ensemble. « Allez suivez moi, je vais vous faire passer ! » nous dit DGM en abandonnant son poste de contrôle de passeport (poste bidon car en réalité, le vrai contrôle se fait à vingt mètres de là aux guichets marqués nationaux/ étrangers/diplomates et VIP). Avec nous trois derrière lui et nos précieux passeports en main, il passe les guichets et personne ne nous dit rien. « Attendez moi ici je reviens dans 15 minutes »… Ben ouais OK, on n'a pas trop le choix c'est toi qui a nos passeports… mais effectivement 15 minutes après il est de retour avec nos passeports dûment cachetés et tamponnés. L'histoire officielle ne dira pas que en lui serrant la main pour dire au revoir nous lui avons glissé 5 euros (c'était pour le remercier bien sur… et c'est aussi un investissement pour la prochaine fois qu'on aura à faire avec la DGM… et oui ça marche comme ça…mais on peut en discuter si vous voulez). Entre temps Laura courrait derrière un cafard de la taille de mon pouce (eeeeeeeeeekkkkes !).

La galère suivante était de taille et tout cela s'est déroulé dans un tel désordre que vous le raconter de manière linéaire est impossible. Tous les bagages arrivent sur un tapis roulant qui n'est pas assez long donc il faut jouer des coudes pour attraper ses bagages et sachant qu'on avait 6 valises et une caisse plus un tricycle (ben oui !) on a du s'organiser. Moi et Laura on garde les bagages pendant que Moise joue des coudes autour du tapis roulant pour attraper nos affaires. Toutes les 2 minutes, non j'exagère, toutes les 30 secondes on vient me demander si j'ai besoin d'un taxi, où je veux aller etc… l'un deux (on ne sait même pas qui ils sont mais ils sont là prêts à vous aider) propose même un kleenex pour essuyer la sueur. Ma seule réponse est « Non merci mon mari s'occupe des bagages et on a quelqu'un qui vient nous chercher ». Ils vont trouver Moise lui expliquent qu'ils peuvent nous aider, Moise refuse à plusieurs reprises, ils se disputent entre eux pour savoir qui nous avait vu le premier, ils commencent à prendre nos bagages tout en s'engueulant et moi je m'époumone « Non lâchez ces sacs ! On a déjà quelqu'un qui vient nous chercher on n'a pas besoin d'aide ». Bref une pagaille totale. Autour du tapis roulant aussi c'est la pagaille, ça gueule dans tous les sens, on ne sait pas qui fait quoi, bref c'est chacun pour soi. Et on me dit qu'il y a quelque temps c'était pire… On a enfin tous nos bagages et le contenu ne semble pas avoir été déplacé, heureusement la personne qui devait venir nous chercher est là et on nous dépose au CAP Centre d'Accueil Protestant, le nom fait un peu institution spéciale, je sais mais c'est juste un guest house (pour ceux qui connaissent). Et maintenant on cherche une maison et ça c'est une autre galère…

vendredi 28 mars 2008

3 SEMAINES


Plus que trois semaines... avant le départ vers Kinshasa et il faut encore (presque tout faire). Le passeport de Laura sera prêt bientôt et là on pourra aller chercher nos visas. On a encore tous nos meubles et s'ils ne sont pas vendus, ils iront aux petits riens, et les livres? Et les CDs? Je ne sais pas!!!!! Et sur place on n'a pas encore de logement. Je stresse moi? Pas du tout!

C'est mon deuxième voyage en RD Congo alors je ne m'inquiète pas trop. Je sais que d'une manière ou d'une autre les choses s'arrangent et que ça ne sert à rien de s'énerver. Bukavu c'était assez tranquille, une ville au bord du lac Kivu, plutôt calme en temps normal mais une population fortement politisée. Normal, quand on vit dans un pays où on a du mal à faire confiance au gouvernement, tout le monde a sa solution. Il suffit d'un seul événement pour que les esprits s'enflamment et que la population descende dans la rue, un blindé de la MONUC qui écrase un motard, des rumeurs d'incursions Rwandaises ou des militaires qui cambriolent les maisons des civils. Rien à voir Goma qui est beaucoup plus commerçante.

C'est vrai que Kin-La-Poubelle n'était pas mon premier choix dans les postes offerts par Volens.

En attendant le départ, on profite du printemps belge sous la neige... et dire qu'il fait 30 degrés là bas!