Kinshasa

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mardi 22 avril 2008

NDJILI


Ce qui frappe d'abord, presque littéralement c'est la chaleur. On est en saison des pluies mais oubliez la logique pluie= froid, sécheresse= chaleur, on est à Kin, il n'y a pas de logique ! La saison des pluies va de Octobre à Mai ; on est donc vers la fin de cette saison. On a beau s'y attendre, lorsqu'on quitte l'airco de l'avion, c'est comme un mur de chaleur lourde, humide et on se met tout de suite à transpirer. Le trajet de l'avion à l'entrée de l'aéroport avec d'un coté la pauvre Laura qui vient de se réveiller et qui se demande ce qu'il se passe et de l'autre le bagage à main, est heureusement assez court. Je remarque en passant que le nom de l'aéroport censé apparaître en lumière est en fait illisible parce qu'il n'y a qu'une ampoule sur trois qui marche. Inutile de les remplacer, elles seraient probablement volées dès le lendemain ? A l'entrée de l'aéroport les passagers qui n'ont pas eu la chance d'avoir quelqu'un qui vient les chercher en bas de l'avion doivent maintenant faire contrôler leur passeport par la tant redoutée DGM (Direction Générale des Migrations, un jour je vous raconterais la créativité des gens ici pour les acronymes, MARSAVCO, UNIKIN etc). Il n'y a pas de file, on avance comme on peut. Laura a bien voulu marcher mais dans la cohue, je suis obligée de bien serrer sa petite main. Devant moi une mundele (=une ferenj/ muzungu/blanche) d'un certain âge, le type de la DGM regarde vaguement son passeport, le feuillette rapidement et le tend ensuite à sa collègue qui se tient à l'affût derrière lui (ils ont sans doute un système de tracasseries déjà bien organisé comme on dit ici, ils coopèrent) et la pauvre mundele est priée d'attendre sur le coté sans aucune autre explications. Elle est très probablement en règle au point de vue papier mais elle est blanche, seule et a l'air un peu perdue, une proie facile donc. La pauvre oui, mais je n'ai pas le temps de m'inquiéter pour elle car c'est notre tour de donner nos passeports. Moise tend le sien et là, coup de bol, en voyant son lieu de naissance, le visage du DGM s'éclaire car lui aussi est de l'Est du pays. Moise joue le jeu et le laisse croire qu'il est murega (une tribu de l'Est, laissez tomber, c'est compliqué). Et voilà qu'ils s'appellent « oncle/ cousin ! » qu'ils parlent fort en Swahili (langue de l'Est, je vous écrirais une autre fois pour vous expliquer tout ça) et rigolent ensemble. « Allez suivez moi, je vais vous faire passer ! » nous dit DGM en abandonnant son poste de contrôle de passeport (poste bidon car en réalité, le vrai contrôle se fait à vingt mètres de là aux guichets marqués nationaux/ étrangers/diplomates et VIP). Avec nous trois derrière lui et nos précieux passeports en main, il passe les guichets et personne ne nous dit rien. « Attendez moi ici je reviens dans 15 minutes »… Ben ouais OK, on n'a pas trop le choix c'est toi qui a nos passeports… mais effectivement 15 minutes après il est de retour avec nos passeports dûment cachetés et tamponnés. L'histoire officielle ne dira pas que en lui serrant la main pour dire au revoir nous lui avons glissé 5 euros (c'était pour le remercier bien sur… et c'est aussi un investissement pour la prochaine fois qu'on aura à faire avec la DGM… et oui ça marche comme ça…mais on peut en discuter si vous voulez). Entre temps Laura courrait derrière un cafard de la taille de mon pouce (eeeeeeeeeekkkkes !).

La galère suivante était de taille et tout cela s'est déroulé dans un tel désordre que vous le raconter de manière linéaire est impossible. Tous les bagages arrivent sur un tapis roulant qui n'est pas assez long donc il faut jouer des coudes pour attraper ses bagages et sachant qu'on avait 6 valises et une caisse plus un tricycle (ben oui !) on a du s'organiser. Moi et Laura on garde les bagages pendant que Moise joue des coudes autour du tapis roulant pour attraper nos affaires. Toutes les 2 minutes, non j'exagère, toutes les 30 secondes on vient me demander si j'ai besoin d'un taxi, où je veux aller etc… l'un deux (on ne sait même pas qui ils sont mais ils sont là prêts à vous aider) propose même un kleenex pour essuyer la sueur. Ma seule réponse est « Non merci mon mari s'occupe des bagages et on a quelqu'un qui vient nous chercher ». Ils vont trouver Moise lui expliquent qu'ils peuvent nous aider, Moise refuse à plusieurs reprises, ils se disputent entre eux pour savoir qui nous avait vu le premier, ils commencent à prendre nos bagages tout en s'engueulant et moi je m'époumone « Non lâchez ces sacs ! On a déjà quelqu'un qui vient nous chercher on n'a pas besoin d'aide ». Bref une pagaille totale. Autour du tapis roulant aussi c'est la pagaille, ça gueule dans tous les sens, on ne sait pas qui fait quoi, bref c'est chacun pour soi. Et on me dit qu'il y a quelque temps c'était pire… On a enfin tous nos bagages et le contenu ne semble pas avoir été déplacé, heureusement la personne qui devait venir nous chercher est là et on nous dépose au CAP Centre d'Accueil Protestant, le nom fait un peu institution spéciale, je sais mais c'est juste un guest house (pour ceux qui connaissent). Et maintenant on cherche une maison et ça c'est une autre galère…

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